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27 avril 2022 3 27 /04 /avril /2022 18:57

Pincé. - Hier matin, à 3 heures, au marché de la Lyre, Aïdi Lakhdar ben Ahmed, cultivateur à Tablat, était occupé à décharger son mulet. Il avait, pour être plus à l'aise, déposé son burnous à terre.

Un indigène s'en empara et prit la fuite. Poursuivi par l'agent Ben Mahiddine, il fut arrêté peu après.

C'est un nommé Metzi Djelloul ben Abdelkader, 26 ans, journalier, sans domicile fixe.

 

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16 avril 2022 6 16 /04 /avril /2022 16:47

 

 

   A Tablât, des laines ont été également confiées à plus de trente femmes indigènes qui les ont travaillées chez elles.

   Ces laines, préparées à Bou-Sâada et à Tablât, vont être utilisées par les ateliers de tissage, où déjà ont été faits des échantillons d'étoffes fabriquées avec des laines filées au fuseau.

   Ces échantillons, montrés dans diverses maisons de Paris, ont été trouvés intéressants ; il conviendra maintenant d'en faire fabriquer suffisamment pour qu'ils entrent peu à peu dans le commerce en Algérie comme dans la Métropole.

                         Exposé de la situation en Algerie , 01 janvier 1927

 

 

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14 avril 2022 4 14 /04 /avril /2022 19:20

 

Dans les Départements

DE NOS CORRESPONDANTS

DEPARTEMENT D'ALGER

TABLAT 1

Fêtes communales. — Organiser des fêtes à Tablat, c'est bien, mais les réussir en leur faisant avoir l'éclat qu'elles ont eu cette année, c'est parfait. Nous donnons là la note générale de tous ceux qui ont bien voulu y figurer comme éléments.

Il ne pouvait en être autrement avec les dévoués organisateurs qui composaient le comité, sous la présidence effective du distingué M. Hamel, qui mit tout son cœur et son énergie à vouloir que les fêtes fussent réellement un apport de réjouissances dans notre petit village un peu déshérité à ce point de vue.

Les divertissements furent sagement adaptés aux populations européenne et indigène dont tous les membres purent trouver, dans le vaste et attrayant programme offert, la panacée contre toute espèce d'hypocondrie.

La Société philharmonique d'Aumale, savamment dirigée par son chef, le maestro Carcagno fut prodigue de souffles harmonieux qui vinrent opportunément tempérer la période caniculaire que nous traversons et la grande route nationale fut comparable, ce jour-là à un des plus beaux boulevards de la capitale. Sous l'ombrage de hauts plaines drapés de guirlandes multicolores et décorés d'écussons, une cohue joyeuse de Français et d'Arabes, avoisinant amicalement, se livrèrent à tous les jeux divers offerts.

 Les après-midi des 30 et 31 juillet, les fatigués et ceux qui ne l'étaient pas encore purent être moelleusement transportés par les autobus de M. Monico, inspiré par la fée des fêtes pour la création de ce service, jusqu'à l'hippodrome.

Là, des spectateurs peu habitués à l'animation originale et à la couleur locale de nos sites algériens, eussent vu un spectacle qui les auraient émerveillés davantage.

Au milieu de notre petit Atlas, dans le lit d'une rivière qui ne connut que le bouillonnement des torrents impétueux, d'ingénieux organisateurs ont fait surgir une piste remarquable et des tribunes champêtres qui offraient un refuge suffisant contre les atteintes brûlantes du soleil d'Afrique ; des milliers de burnous s'étalaient en grappes humaines du plus curieux effet, sur les immenses amphithéâtres qui encadrent l'hippodrome. De mémoire d'homme, Tablat n'avait jamais vu pareil spectacle et la petite localité, dont les maisons ombragées s'estompaient au loin dans le cœur d'un bois, semblait ravie d'avoir enfin acquis un rang qui la faisait l'égale de sœurs voisines plus favorisées dans la voie du progrès.

Elle eut donc son petit Auteuil avec un remous de spectateurs ou, en plus des toilettes gracieuses et chatoyantes de nos concitoyennes, nos grands chefs indigènes apportaient leur prestigieuse tenue.

Dans une partie des tribunes aménagées aux autorités, nous remarquons avec le plus grand plaisir : Mme et M. George, administrateur ; MM. Bagard, juge de paix ; Tibaoui, cadi ; Bentounès, délégué financier ; Ben Hamouda Mustapha, conseiller général indigène ; Mahieddine Ahmed, de l'Arba ; tous les caïds de la commune.

Le turf où, en d'autres temps, existait une piste à peine esquissée qu'empruntaient quelques bouviers et bergers conducteurs d'un bétail avide d'herbes desséchées, laissa place dans son parfait aménagement à de nombreuses automobiles, hippomobiles, déversant un flot d'amateurs.

Que dire des courses?

Le modeste chroniqueur de ce compte rendu a été trop mal placé pour en faire la critique impartiale. Il s'en tiendra à celle de ceux qui l'étaient mieux pour jouir du coup d'œil.

Elles furent animées et nos jockeys, qu'ils fussent de Tablat, d'Aïn-Bessem, de Sidi-Aïssa, de Boghari, de Bir-Rabalou ou de Bou-Saâda, défendirent vaillamment les couleurs des écuries dont ils avaient la garde,

Des favoris manquaient ; d'autres, moins connus, le devinrent et consacrèrent du même coup la valeur de dévoués gentlemen-riders, parmi lesquels nous nous faisons un devoir de signaler un des héros des deux journées de courses : M. Charles Cabanel, champion de notre commune, qui révéla, d'après beaucoup, des qualités équestres comparables à celles de nos meilleurs écuyers algériens. Il est vrai qu'il est de Mostaganem et qu'il en est pour les jockeys comme pour les chevaux sans doute. Les applaudissements que lui réservèrent un public ami lut le digne couronnement de ses efforts dans la réalisation d'un projet qui aboutit si bien et qui dote aujourd'hui Tablat d'une belle Société de courses hippiques. Nous associons dans ces éloges MM. Reboul ; Georges Hamel, Banon, les frères Mas, du domaine des Beni-Slimane ; la société elle-même, qui ne marchandèrent pas leurs efforts ou se laissèrent largement mettre à contribution pour la parfaite tenue de cette première réunion de courses. Les autorités locales, notre sympathique conseiller général M. Lebailly ; M. Ben Hamouda Mustapha, conseiler général indigène ; Bentounès, délégué indigène français ; Mahieddine Ahmed, de l'Arba prodigues en encouragements de toutes sortes.

Pendant les deux soirs, la population répondit avec empressement aux appels mélodieux d'un orchestre impatient, en se portant tout entière au jardin public Grelin magnifiquement décoré de girandoles électriques.

Sous cette nouvelle constellation qui faisait pâlir les étoiles, les couples enlacés, aux accents entraîneurs d'un répertoire qu'une muse tutélaire avait dû choisir, s'abandonnèrent aux souples évolutions de nos danses préférées, sous les regards bienveillants et ravis de nos très sympathiques présidents d'honneur : Mme et M. George. administrateur ; M. Bagard, juge de paix.

Nous terminerons en adressant nos vives félicitations à l'actif président effectif M.Hamel, brillamment secondé par les infatigables commissaires, MM. Eberhardt Charles, Grimaldi Ange-Marie; Burcelin, le brillant starter des courses, qui mérite une mention spéciale ; Osète Laurent, Blobel Baptiste. Adrai Charles. Maubon René, Nahon Habib, Eberhardt Victor, Burcelin Camille ; au si distingué, vice-président du comité indigène M. Adjouati, auxiliaire médical, qui arbitra avec l'élégance et le brio que nous lui connaissons, les jeux-indigènes ; Bachir ben Ahmed ; Djezairi Mustapha, toujours si dévoué ; Baziz Mohammed ; Tidjani Mohammed ; Lounici Rabah.

 Rendons également hommage au zèle de nos charmantes concitoyennes Mlles Briffeteaux., Larraburu. Blaud Alice ; Lolotte Osete, Alice et Hélène Hadjadj, Odette Eberhardt, Suzanne Adrai, Roberte Coste, qui apportèrent tout l'attrait de leur jeunesse rieuse chaque fois que le comité fit appel à leur dévouement.

                                                L’Echo d’Alger ,le 17 aout 1922

 

 

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14 avril 2022 4 14 /04 /avril /2022 17:56

                                         TRIBUNAUX                                                                                            Cour Criminelle d'Alger 

                                 Audience du 11 mars 1913

L'affaire de Tablat. — Premier méfait de la bande d'Hamraoui Larbi. — Vol de fusils à la Justice de Paix

    Hier ont commencé, devant la Cour Criminelle d'Alger, présidée par M. le conseiller Lacaze, les débats relatifs à diverses affaires d'assassinats, viol, vols qualifiés, imputées à une bande de malfaiteurs indigènes ou réputés tels par l'Administration, et qui, en 1910 et 1911, mirent en coupe réglée toute la région de Tablat.                                 Nous avons indiqué que plusieurs audiences seraient consacrées à l'examen de ces affaires, dans lesquelles se retrouvent, soit comme auteurs, soit comme complices, les principaux éléments de la bande d'Hamraoui Larbi.                                             L'affaire soumise hier à la Cour concerne un vol de fusils au greffe de la Justice de Paix de Tablat, où ces armes avaient été déposées. Voici les faits :                            Vers la fin de novembre 1911, un avis publié à Tablat annonçait pour le dimanche 3 décembre, une vente d'armes saisies comme pièces à conviction et déposées au greffe de la Justice de Paix de Tablat. Dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre, des malfaiteurs pratiquaient un trou dans le mur de la Justice de Paix, au-dessus d'un volet plein, et, après avoir rabattu le morceau de bois servant de fermeture, ils descellaient un barreau à la fenêtre du greffe, brisaient un carreau et, faisant jouer l'espagnolette, pénétraient dans le local.                                                                                            Dans la place, et avec l'aide de complices restés à l'extérieur, les malfaiteurs s'emparaient et emportaient 17 fusils, un pistolet et un couteau de chasse qui furent soigneusement cachés.        Des renseignements confidentiels permirent bientôt à l'administrateur de Tablat de procéder à l'arrestation des onze indigènes suivants, qui seraient les auteurs du vol incriminé :1° Hamraoui Larbi, 20 Amani Saïd, 3° Amtout, 4° Kara Ali, 5° Messaoui Saïd, 6° Khalfi Mohamed, 70 Hamdel Amar, "8° Bouguermine, 9° Chouli Hocine, 10° Lacheb Laid, 11 0 Briedj Rabia.      Tous les inculpés, dit l'accusation, sont de mauvais sujets notoirement connus comme tels. Quelques-uns d'entre eux ont subi diverses condamnations pour vol.                                                    Il convient d'ajouter également que la plupart des accusés, sauf trois ou quatre, ont fait des aveux, d'abord devant l'administrateur de Tablat au cours de l'instruction ouverte par ce fonctionnaire, et que ces aveux ont été répétés ensuite au juge d'instruction, M. Muston, chargé de cette affaire.

                                                               L'audience

   Les accusés sont interrogés et M. Saint-Blancat, interprète, traduit leurs réponses.         Les uns après les autres, ils nient tous avoir pris part au vol qui leur est reproché. Ceux qui, au cours de l'enquête et de l'instruction firent des aveux, les rétractent énergiquement.

Comme le président leur fait demander d'indiquer les raisons de leur nouvelle attitude, d'expliquer ce revirement, ils déclarent que menacés, battus, maltraités par les cavaliers de la commune mixte, ils furent mis dans l'obligation d'avouer.

M. le président Lacaze, avec la grande impartialité qui le caractérise, laisse parler les accusés tout à leur aise.

Ils s'expliquent abondamment, donnant force détails sur les tortures; qui, disent-ils, leur furent infligés. Ils les exagèrent, évidemment :

L'un fut suspendu par les pieds. Un autre eut deux dents cassées. Une troisième privée de vêtements, les membres enchaînés, était couché sur le sol nu. Quelques-uns précisent que leur boisson ordinaire consistait en eau salée, quatre autres enfin prétendent qu'ils furent brûlés, au moyen d'une lame en fer blanc fortement chauffé.

Tous les prévenus se posent en victimes ; ils contestent tout, ils nient tout.

                                                  Les témoins

Une dizaine de témoins sont entendus. Parmi eux se trouve M.Boucher administrateur de Tablat, qui compte plus de vingt-trois années de services dans les communes mixtes, et dont la déposition va remettre au point les affirmations des accusés, touchant les procédés d'instruction employés à leur encontre.

M. Bucher donne de longues explications sur les différentes phases de cette affaire. Sur des renseignements confidentiels, mais positifs et puisés à bonne source, il arrêtait le 11 décembre les principaux membres de la bande, Amraoui, Omani, Chouli, Lachib.

Ce dernier avoua le premier et donna par la suite, de précieuses indications qui permirent à l’administrateur d'arrêter les autres coupables.

La conviction absolue de M. Bucher est que les accusés présents sont réellement les coupables. Un seul d'entre eux, cependant, le nommé Khalfi, est peut-être innocent. M. Bûcher n'affirme pas la culpabilité de cet indigène, il pense, au contraire, qu'il ne se trouvait pas avec les autres au vol commis à la justice de paix.

Le témoin estime que la plupart des prévenus subirent l'ascendant d'Amraoui Larbi qui exerçait sur tous une terreur profonde.

M. l'administrateur fait connaître que depuis l'arrestation de la bande d'Amraoui, la tranquillité est revenue dans la région. On peut circuler librement à la tombée de la nuit sans crainte d'être attaqué. M. Bûcher ajoute que quelques vols de peu d'importance furent commis ces temps derniers, dans un but de diversion que l'on devine, mais d'une façon générale, la sécurité est maintenant très satisfaisante.

   M. Bucher proteste énergiquement contre les déclarations faites par les accusés que des traitements barbares leur auraient été infligés à Tablat. C'est faux, archi-faux, dit le témoin. C'est là un système, ajoute M. Bucher.

   Il est devenu impossible aux administrateurs de communes mixtes, de procéder à des instructions, parce qu'on les fait passer immédiatement pour des tortionnaires. On est allé jusqu'à affirmer, dans une affaire G., qu'il y avait une chambre de torture à Tablat.                                                                                                                             M. Bucher maintient l'exactitude des aveux faits devant lui par plusieurs des accusés.      A la demande du président et de l'avocat général, M. Bucher explique que si l'accusé Amtout eut deux dents brisées, c'est peut-être bien en s'évadant de la geôle où il était renfermé, et en sautant le mur de clôture du bordj, qu'il s'endommagea la mâchoire. Quant aux brûlures relevées sur le corps de trois ou quatre des accusés, le témoin raconte que ces derniers se les firent eux-mêmes, réciproquement.                                      Etant en possession d'allumettes, l'un d'eux allant aux latrines, ramassa un morceau de bois garni de deux clous, et à la geôle, les quatre accusés — ceux précisément qui avaient fait des aveux — enflammèrent le bois et les clous étant également chauffés, ils se les promenèrent réciproquement sur la peau. En agissant ainsi, ils donnaient corps à leurs affirmations que lesdits aveux leur avaient été arrachés par la force. A ce moment, dit M. Bûcher, lesdits accusés savaient que l’instruction étant close, ils allaient être transférés à Alger.                        

 

 Plusieurs questions sont posées à M. Bûcher, relativement à l'utilisation d'un indigène nommé Kara Mahmed, détenu à la prison du bordj. Ce Kara Mahmed qui jouissait, semble-t-il, d'une certaine latitude, faisait causer les autres prisonniers à travers les interstices des portes et les points essentiels de ces conversations étaient rapportées à l'administrateur.                            

 M. Bûcher explique qu'il se servit en effet de Kara Mahmed dans le but unique de connaître l'endroit où les armes dérobées étaient cachées. on ne put y parvenir. Il ne tint aucun compte des autres renseignements recueillis par Kara, car l'instruction était déjà sur le point d'être close.                                                                                                                                           Les dépositions des autres témoins — tous indigènes — entendues par la cour, avant celle de M. Bûcher, n'indiquent aucun fait saillant. La plupart renforcent les charges que l'accusation fait peser sur les accusés, sans toutefois apporter aucun fait absolument établi.      

  Aujourd'hui, réquisitoire de M. l'avocat général Drago et plaidoiries de Mes Ladmiral.Roger, Hugues, Bertin, De Barie et Lemonnier

 

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11 avril 2022 1 11 /04 /avril /2022 00:31

 Le chemin de fer allant plus vite que le télégraphe, passe encore ! mais le télégraphe marchant moins vite que les omnibus; c’est un comble !                                                                                                                                                                 Les retards de la Poste ont souvent de graves inconvénients ; qu'on en juge par la lettre suivante que nous recevons des Deux- Bassins : Monsieur le Rédacteur en chef, du Petit Colon,                                                                                       J'ai l’honneur de vous adresser, pour qu’elle parvienne plus surement à son destinataire, par la voie de votre estimable journal la lettre ci-jointe :                             A Monsieur le Directeur des postes, à Alger,                                                                                                                                                               Depuis bientot deux ans, j’emploie les services de la poste pour faire venir d'Alger aux Deux         Bassins , les fonds nécessaires à mon industrie. Ce service m’a transporté jusqu’à ce jour plus    de 400.000 francs. A plusieurs reprises, j’ai éprouvé des retards qui toujours m’ont été expliqués d'une façon ou d’une autre; une fois, c’est parce que les fonds avaient été déposés trop tard à la poste, une autre fois, c’était parce que le commis était arrivé trop tard à Tablat. Vous savez ou vous ne savez pas. Monsieur le Directeur, que les Deux-Bassins sont éloignés de Tablât de 9 kilomètres, mais vous devez savoir que nous ne sommes pas         desservis par votre service.                                                                                                           Il est donc déjà fort ennuyeux de se rendre au bureau pour y chercher une lettre mais il est bien plus ennuyeux de s'y rendre et de ne rien y trouver.                                                             Hier, dimanche 16 mars, j'attendais une somme très importante qui avait été déposée en chargement dans vos bureaux    la veille, samedi. Cette somme était destinée à payer les nombreux ouvriers que j'occupe. Dès le matin, je me suis rendu à Tablat à l’heure de la distribution, mais j’ai été fort surpris d’apprendre qu'il n'y avait pas de lettre chargée, pour moi. J’ai cru devoir demander à M. le Receveur d'Alger quelques renseignements, et, à cet effet, je lui ai passé une dépêche de 7 heures du matin, avec réponse payée : le tout m'a couté 1  fr. 40. Le fonctionnaire a daigné me répondre à 11h40. , et sa dépêche m’informant que, par erreur, le chargement à mon adresse avait été expédié à Aumale, m'a touché à 6 heures    du soir, ceci grâce  à la précaution que j'avais prise de mettre un homme en attente au bureau.                                            Je crois, Monsieur le Directeur, devoir vous faire remarquer les tristes conséquences de l'incurie     dont votre service a fait preuve dans cette circonstance.                                                                      Outre le discrédit jeté sur moi, par suite du retard que j’ai été forcement obligé de mettre dans l’exécution de mes engagements visà- vis des tiers que j'occupe, plus de cent ouvriers se trouvent jusqu’a demain mardi sans argent, et ils ne pourront être payés qu’à la condition que ma lettre, que j'attends avec la plus grande impatience, n’aille pas cette fois, venant d'Aumale, se promener à Alger. L’ouvrier, Monsieur le Directeur, n’a généralement pas d’économie, et c’est avec un désir bien justifié qu'il attend le salaire gagné à la sueur de son front. Si un retard d’un jour seulement arrive, comme celui que je signale, il est obligé d'emprunter ; et à Tablat, quoi qu’en dise Alfred Letellier, on n’emprunte pas à 4 et 5 0|0. Chaque semaine, au marché, l’indigène s'approvisionne des céréales qu’il lui faut pour entretenir sa famille pendant les 8 jours qui suivent, et ce jour-là il dépense généralement 1O francs. Or, hier jour de marché, ceux qui n'avaient pas d’argent,  et il y en a beaucoup, ont emprunté. Vous ne savez pas à quelles conditions ?  Ce sont les suivantes : 10 francs pour 8 jours, mais en s'engageant à rendre, le dimanche suivant, 12 fr.                                                                                                                                                                      Certainement, Monsieur le Directeur, l’employé qui, par mégarde, pressé sans doute de terminer une besogne fatigante, a commis l’erreur qui fait l’objet de la présente, a trouvé en rentrant chez lui son repas comme à l’ordinaire, mais ici beaucoup d’ouvriers ont forcément observé les lois du carême.

 Veuillez agréer, etc. 

Le petit colon algérien, le 31 mars 1988

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9 avril 2022 6 09 /04 /avril /2022 15:24

Pétition no 53 (du 11 mars 1895). — Les caïds et les cheiks de la commune mixte de Tablat (département d'Alger), au nom de toute la population indigène de la circonscription, formulent un ensemble de griefs contre le gouvernement de l'Algérie, signalent au Sénat les graves abus qui résultent des procédés appliqués en Algérie en matière de recouvrement de l'impôt des prestations.                                                   Rapport. — La commune mixte de Tablat est habitée par une population indigène de 42,000 personnes. Au moment de son rattachement au territoire civil (janvier 1879), elle a été assujettie à l'impôt des prestations, qui, d'après les déclarations faites à cette époque, devait constituer non un surcroît de contributions au profit de l'Etat, mais une ressource purement communale, destinée à la construction et à l'entretien des chemins utilisés par les agglomérations indigènes.                                                                      Sur la foi de cette promesse, la commune mixte de Tablat a versé dans les caisses publiques le produit de la nouvelle taxe, soit une somme annuelle de 60,000 fr. Mais le conseil général du département aurait bientôt opéré sur ce revenu un prélèvement de 40,000 fr., alléguant la nécessité d'ouvrir des chemins de grande communication et d'intérêt commun. L'impôt se trouvait déjà, par cette mesure, détourné de sa véritable affectation, car il aurait été au moins équitable qu'il eût servi tout d'abord à la confection des routes communales, dont les contribuables ont le plus grand besoin. On invoqua, cependant, pour justifier ce prélèvement, l'autorité de la loi, et les pétitionnaires s'inclinèrent, espérant qu'un jour viendrait où leur région bénéficierait à son tour des munificences du conseil général. Ils continuèrent, pendant une série d'années, à verser à la caisse du département leurs contingents, qui, totalisés, représentent aujourd'hui une somme de 700,000 fr. environ.                                         Mais ils constatent qu'au moment de leur pétition, il n'avait été construit, dans leur circonscription, pas même un hectomètre de chemin de grande communication ou d'intérêt commun, et ils font remarquer que l'état d'abandon où ils sont laissés leur est commun avec les habitants de la plupart des centres indigènes de l'Algérie……             Ne pouvant obtenir que le produit de leurs contributions fût affecté à leurs chemins communaux, ils tentèrent, au moins, de le faire servir à l'établissement des portions de route de grande communication ou d'intérêt commun situées dans leur territoire, et dans ce but, en 1893, ils déclarèrent opter pour le payement de la prestation en nature. L'administrateur de la circonscription accueillit favorablement leur requête, et établit des listes d'option. Mais quand ces listes furent transmises au service de la voirie départementale, elles furent annulées pour vice de forme, et force fut aux contribuables de Tablat de continuer à verser en argent la totalité de leur contingent.                   L'année suivante, ils renouvelèrent leur tentative. Instruit par l'expérience, leur administrateur, à force de précautions, réussit à dresser, pour une population de 42,000 âmes, des listes défiant toute critique. Le service de la voirie dut les admettre et ouvrir sur le territoire de la commune des chantiers où tous les pétitionnaires furent successivement convoqués.                                                                                             Mais ils n'étaient pas au bout de leurs déboires. D'après la loi du 21 mai 1836, déclarée applicable à l'Algérie par décret du 5 juillet 1854, ils pouvaient exercer leur droit d'option non seulement pour les personnes, mais encore pour tous leurs animaux assujettis à la taxe. Or, quand ils présentèrent leurs bœufs de labour, on refusa de les admettre, par la raison, dit-on qu'on n'en avait pas l'emploi.

À défaut du travail de leurs bêtes, ils offrirent de compléter la libération de leurs côtes par le travail de leurs bras. Mais après trois jours de présence sur les chantiers, ils se virent purement et simplement congédiés, bien que redevables encore, pour la plupart, de sommes importantes, La loi ne prévoit que deux modes de travaux, à la journée ou à la tâche. A leur égard, on n’adopta ni l'un ni l'autre de ces deux modes légaux. On ne leur assigna pas de tâches individuelles; mais tous ensemble, au nombre de 150 à 200 à la fois, on les fit travailler pêle-mêle, qui de la pioche, qui de la pelle, qui de la brouette, et après trois jours de cette mêlée l'arbitraire d'un cantonnier prétendit évaluer la somme de travail fournie par chaque individu. Aussi furent-ils libérés pour des sommes correspondant à la moitié à peine da la durée de leur présence active.             Ils concluent de tout cela que, ne pouvant leur contester l'exercice de l'option eu travail, on s'est systématiquement appliquer à les en dégoûter.

Tel est le résumé des réclamations formulées par les cheiks et caïds de Tablat.

                                                 Journal Officiel R.F, 27 février 1887

 

 

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5 avril 2022 2 05 /04 /avril /2022 17:48

  M. Soustelle : « Nous faisons dans ce pays d’avantage que pour certains centres ruraux dans la métropole »

 TABLAT, 2 août. — Recevant hier le gouverneur général Soustelle et le préfet d’Alger, qui étaient venus procéder à la distribution de 4 tonnes et demi de céréales aux populations nécessiteuses, l’administrateur de la commune mixte de Tablât, M. Raymond, a prononcé une allocution dans laquelle il a souligné la parfaite harmonie régnant entre ses administrés européens et musulmans. L'administrateur a fait ressortir l’œuvre de la France sur ce territoire.   Sur le plan social, l’eau, l’électrification, la scolarité aussi, un vaste plan a été appliqué. Désormais, l'atelier du centre professionnel rural de Tablat pourra former en quatre ou cinq ans d’excellents ouvriers spécialisés. Dans les douars, 52 sources et points d’eau ont été captés. De Tablat à Souk El Khemis, 65 km de routes ont été construits. Sur le plan économique la création de Sar a permis le reclassement de nombreuses familles. Le rendement à l’hectare est passé à 12 et 15 quintaux par endroits, les sols ont été restaurés et boisés

 — Cette œuvre éminemment humaine sera poursuivie pour le plus grand bien des populations qui ont su répondre non aux agitateurs, a conclu M. Raymond. Dans sa réponse, le gouverneur général a déclaré notamment : « Les traces matérielles de l’œuvre administrative de la France sont évidentes ici. Nous pouvons en être fiers. Nous pouvons affirmer que nous faisons dans ce pays, pour le bien de tous, un effort si grand qu’a beaucoup d’égards, il dépasse ce qui est fait dans la métropole pour certains centres ruraux ».

                                                                     Combat, 03 aout 1955

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5 avril 2022 2 05 /04 /avril /2022 17:10

Chasse au lion mouvementée.

 — BLIDA. — Lundi soir, des indigènes de la section Chellaié, sont venus à la mairie faire la déclaration d'usage pour toucher la prime d'un lion tué par eux dimanche sur les limites des communes de Blida et de Tablat, derrière l'endroit appelé « Les Deux Cèdres ».                                                                                                             Dimanche matin, vers 9 heures, le cheick Mahmed ben Mahmoud fut prévenu qu'un fauve avait étranglé dans la nuit trois bœufs de la tribu.

Il organisa, aussitôt une battue, et à onze heures, il se trouvait sur la piste d'un lion qu'il aperçut presque aussitôt et auquel il envoya une balle au défaut de l'épaule.

 Le nommé Saïd ben El Hadj Aissa, fellah de la même tribu, le blessa également.

Le lion, rendu furieux, s'élança sur le groupe d'indigènes qui le pourchassait et blessa grièvement, leur labourant le corps de ses griffes; les nommées Boudjema ben Mohamed   ct Saïd ben Rabah qui durent être transportés dans leurs gourbis dans un état désespéré.

Le lion, poursuivi par les indigènes, se refugia sur le territoire de la commune de Tablât où il fut achevé par les indigènes des tribus voisines qui conservent sa dépouille.

La Gazette algerienne,21 juin 1899

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4 avril 2022 1 04 /04 /avril /2022 17:15

ALGER, LE 7 MARS 1908

JUSTICE !                                                 Les scènes de justice abracadabrantes ne sont pas la spécialité exclusive de Courteline. Il s’en déroule, au Palais, des plus amusantes encore que celles destinées à distraire des spectateurs, au théâtre, et à faciliter les digestions des neurasthéniques ou des gastrolâtres.                                                                                    Les amateurs de ce genre de réjouissances ont, en ce moment, à leur disposition une comédie  qui ne manque ni de gaieté ni de situations drôles. Il s’agit de l’affaire de Tablat.  Vous vous souvenez des faits : le secrétaire de ta commune mixte de Tablat, M. Guichard, était tué le 28 juillet 1905,  chez lui d’un coup de serpette à la nuque. On arrêta des Indigènes ; on les retint en prison préventive pendant six mois ; on les relâcha ; on les arrêta à nouveau. Finalement ils jurent déférés à la Cour criminelle. Mais un incident fit renvoyer l’affaire qui est enfin sur la sellette depuis mardi dernier. 1'affaire de Tablat qui est restée à l’instruction près de deux ans démontre que les plus malins perdent, devant certaines décisions de justice, le peu de latin qu’ils ont pu apprendre au lycée. Indépendamment des Indigènes inculpés dans l’assassinat, de M. Guichard, un Européen avait été également innocenté. Les charges les plus lourdes pesaient sur lui. Les témoignages, les déclarations des complices étaient identiques. Tous corroboraient un point : le coup mortel avait été donné par l’Européen. La conviction de l'administrateur- enquêteur, la conviction du juge destruction étaient formelles. Pour eux pas de doute possible : l’assassin ne pouvait être que l’Européen. Ce sont là, pensez-vous, des raisons suffisantes, pour motiver l’envoi de l’Européen devant les juges de son pays. Allons donc ! Vous comptez sans les malices de dame Thémis. L’Européen fut purement et simplement relâché. La Chambre des mises en accusation le jugea innocent et le renvoya à ses poules. Et savez-vous pourquoi ? Oh ! la raison est bien simple. Si l’européen avait été impliqué dans l'affaire, tous les inculpés auraient dû comparaître devant la Cour d’Assises. Or, avec un jury et des avocats malins, on ne peut pas prévoir ce qui arrivera... Tandis que les indigènes, du moment qu’il n’y avait pas d’Européens dans l’affaire, ont envoyés en Cour criminelle. Et voyez, jusqu’à quel point s’établissent les graves présomptions qui pèsent sur l’Européen. L’administrateur de Tablat, celui-là même qui a mis toute l’affaire sur pied, déclare à l’audience : — Ma conviction inébranlable est que le véritable assassin n’est pas sur ces bancs. Puis vient à la barre le juge d’instruction, M. Parroches. C’est lui qui a instruit l’affaire. Il dit à son tour : — L’assassin, c’est l’Européen. Et cependant l’Européen que tout le monde accuse est tranquillement assis dans la salle des témoins ; il est vêtu des habits même de la victime, et il attend son tour de venir, en accusateur, accabler les indigènes dont les poings sont enchaînés. Le côté drôle, dans cette situation, a été donné par la déposition de l’administrateur de Tablat. A peine a-t-il été introduit dans l’espèce de petite cage à mouches qui sert de boxe aux témoins, que les avocats, farouches comme des coqs dont ou pince la crête, le  harcèlent de questions. Pensez-donc ! L’administrateur est l'auteur de la seconde arrestation des accusés. C’est sur lui qu’il faut foncer; c’est sur sa nuque qu’il faut planter les banderilles aiguisées. L’avocat général, le bouledogue de la société, est là heureusement pour défendre le témoin, cet excellent témoin qui a livré les coupables à la justice. 11 roule des yeux furibonds quand les avocats s’en prennent à l'administrateur.

Mais voici que soudain se produit un coup de théâtre. L'administrateur accuse formellement et            énergiquement l'Européen. Il abonde ainsi dans le sens de la version de la défense ; il contrecarre, du meme coup, l’hypothèse le l’accusation. Alors, les avocats s’adoucissent.        Les coqs furieux se changent en poules dociles. Ils embrasseraient presque l’administrateur, leur bête noire d’il y a in instant ; tandis que l’avocat général, furieux, pose, à son tour des questions embarrassantes au même administrateur, qui avait toute sa sympathie un moment auparavant. La décision de la Chambre des mises en accusation dans l’affaire de Tablat et la tournure des audiences consacrées à cette cause célèbre prouvent que l’idéal n’est pas précisément atteint en matière de justice. La justice se compose de deux éléments qui sont faits pour s’accorder à peu près comme l’eau et le feu : d’une part, les juges ; de l’autre, les avocats. Pour les premiers, inculpé veut dire forcément, fatalement, coupable ; pour les seconds, neuf fois sur dix, inculpé signifie innocent. Et alors les juges s’arrangent de façon à condamner quand même,       parce que leur avancement dépend en partie du nombre de condamnations qu’ils ont infligées. Il n’y a là aucune exagération. Témoin ce fait : un avocat général, connu à Alger pour son talent dangereux, venait de requérir la peine de mort contre un criminel. Il l’avait obtenue. En sortant de l’audience, il dit à l’avocat du condamné : — Tout de même, le jury a été trop sévère. Si j’avais été juré, je n’aurais pas prononcé la peine capitale. Et cependant, quelques minutes auparavant, il avait supplié, en termes chaleureux, le jury de condamner l’accusé à mort. Tout simplement, pour avoir à son dossier une bonne affaire de plus. L’ambition du magistrat l’avait emporté sur la conscience de l’homme. Quant aux avocats, beaucoup d’entre eux n’envisagent qu’une chose faire acquitter. Vous voyez sans peine ce que peut produire une telle conception du devoir professionnel et ç quels incidents elle donne naissance. Ainsi se succèdent comédies sur comédies dont, trop souvent, les justiciables font les frais. L’ennui est qu’elles ne se déroulent pas sur la scène, avec des personnages fardés et conventionnels, mais dans l’enceinte — sacrée, affirme-t-on — de Thémis où, dans les affaires criminelles notamment, n’entre pas assez en ligne décompté de la justice saine, de la justice vraie, de la justice toute nue. La triste bouffonnerie de Tablat n’est- elle pas un exemple frappant ?...

J. HAÏMES.            Les nouvelles, 08 mars 1908

 

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4 avril 2022 1 04 /04 /avril /2022 16:13

                          CHRONIQUE DES TRIBUNAUX

                               Cour criminelle d’Alger

            Les vols, viols et crimes de Tablat (suite)                                                             Audience du 11 mars 1913 

UN VOL D’ARMES                                                                                       L'audience, levée à 11 heures du matin, a été reprise à 2 heures du soir.   Les témoins                                                                                 Des six témoins appelés, deux ont fait des déclarations intéressantes. C’est d’abord :  Oudia, cavalier indigène de l’Administrateur de Tablat. — Il sait qu'un nommé Karama Ahmed, étant prisonnier dans les geôles pendant la détention des onze accusés, avait obtenu des aveux de ceux-ci. Pour ce faire, il se promenait dans la cour intérieure de la prison et, en passant devant la porte de chaque cellule il s’y arrêtait pour causer avec les accusés. Il était accompagné d’un secrétaire qui écrivait les conversations échangées.

  L’incident                                                                                                                        M.l’avocat général Drago dépose des conclusions demandant qu’il plaise à la Cour, dans l’intérêt de la manifestation de la vérité, de renvoyer cette affaire à une autre session.                                                                          Les accusés, ajoute le Ministère public, s’étant plaints d’avoir été maltraités, frappés, martyrisés, brûlés, il importe d’entendre le gardien de la prison et l’ancien prisonnier Karama Ahmed, aujourd'hui, jardinier au pénitencier de Berrouaghia. L'Admiral, au nom de la défense, dit que si l’on renvoie cette affaire, il faut également renvoyer les trois autres puisque les aveux, les interrogatoires et les procédés d'instruction ont  été les mêmes. Dans toutes ces affaires, ajoute le défenseur, on a écouté aux portes des cellules pendant qu’un secrétaire et l’Administrateur lui-même écrivaient les prétendus aveux. M L’Admiral demande à la Cour de passer outre aux débats ou bien de renvoyer les quatre affaires à une autre session.                                                                  Un témoignage important                                                                                                 M. Rucher Henri, Administrateur de la commune mixte de Tablat, arrive à la barre. Prévenu que les voleurs des fusils déposés au greffe étaient au nombre de 11 et ayant connu leurs noms, il arrêta tout d'abord les chefs de la bande et ensuite les comparses.                                               Ces voleurs, à cette époque, terrorisaient la région de Tablat; la parcourant dans tous les sens; faisant la pluie et le beau temps; se faisant entretenir par les habitants. Quelques jours après leur arrestation, les onze accusés lui firent des aveux complets.                                                                                              Les brutalités                                                                                                                     M. le Président lui fait remarquer que les accusés ont nié le matin leur participation au vol et qu’ils ont affirmé n’avoir avoué que parce qu'ils avaient été brutalisés et frappés.                                                                                           M. Bûcher proteste: il est administrateur, dit-il, depuis 23 ans, et il sait que, depuis quelques années, en Cours d’assises ou en Cour criminelle, on a le soin de dire que les administrateurs maltraitaient les inculpés.                                                                     Au sujet des brulures dont se plaignent quatre des accusés, le témoin affirme qu’elles ont été faites par eux, entre –eux quand ils allaient des geôles aux WC et qu’ils s’étaient tous mis d’accord pour déclarer ensuite que c’était lui l’administrateur, qui avait donné ordre de les bruler pour obtenir leurs aveux.                                                   En écoutant aux portes                                                                                                     Le président demande aux témoins :                                                                              Q.  —  Vous avez chargés vos cavaliers de surveiller les accusés enfermés dans les geôles. Combien y avait-il de geôles pour onze accusés ?                                             R. — 7 ou 8 .                                                                                                                   Q. — Avez-vous employé le prisonnier Karama Ahmed pour écouter aux portes ?        R. — Il m’avait dit qu’il pouvait me rendre service en parlant aux accusés et en me rapportant ses entretiens avec eux. J’ai accepté mais je dois déclarer que mon instruction était déjà terminée et que ce qu’il me rapporta ne fit que confirmer ma conviction.                                                                                                               J’avais également chargé des cavaliers de surveiller les accusés et de me rapporter ce qu’ils disaient entre eux. 

Les aveux 

 A ce moment tous les accusés affirment n’avoir jamais fait aucun aveu à l’administrateur, ni à Karama Ahmed ni à ses cavaliers.

Le témoin déclare que tous sont coupables de vol qui leur est reproché sauf Khalfi Mohamed qui, probablement, a pu faire simplement le guet.                                                                                                                                             Q . — Ya-t-il eu de nouveaux vols dans la région de Tablat depuis l’arrestation des accusés ?                                                                                                                             R. — Non. Avant leur arrestation la terreur régnait dans la région. Depuis tout est calme.

Mal traités

Des accusés se sont plaints qu’ils avaient été maltraités par vos cavaliers , qu’ils ont été mis aux fers, privés de nourriture, que l’on mettait du sel dans leur eau, qu’on les mettait tout nus puis qu’on les arrosait avec de l’eau froide ou de l’eau bouillante; qu'on leur faisait subir d’ autres supplices sur leurs parties génitales?                                                                                                               R. — Je proteste.                                                                                            Q. — Comment Karama Ahmed a-t-il pu entendre les aveux dos accusés?                     R.— Karama Ahmed étant dans la cour s’approchait des portes des geôles et parlait aux accusés qui étaient de l’autre côté de ces portes,         Q. —                                                                                                          Pourquoi et comment les accusés sont-ils venus un à un et petit à petit vous faire leurs aveux ?                                                                                                                            R. — Parce que l’un, des accusés a dû probablement engager ses complices à agir ainsi.                                                                                                                                    Q. — Que sont devenus les écrits qui vous furent remis par le cavalier Oudia?            R.—Il ne sait pas écrire.                                                                                                 Q.— Et les écrits, des deux autres cavaliers?                                                                R.—Ce n’étaient pas des écrits, mais de simples notes très brèves prises par eux au fur et à mesure des entretiens de Karama Ahmed avec les prisonniers. Ces notes ont été déchirées.                                                                      Q. — Les accusés prétendent que vous avez employé pour les surveiller, vos trois cavaliers les plus cruels?                                                                                                                                                   R.— Cela n’ est plus.                                                                                                                          Q. — De l’intérieur des geôles, peut-on voir qui se trouve dans la cour?                                                                                                                  R. — Non.                                                                                                                                    Q. — Alors, comment les accusés pouvaient-ils savoir que celui à qui ils parlaient , à qui ils faisaient leurs aveux était bien Karnara Ahmed et qu'ils pouvaient lui parler sans crainte d'être entendus par d’autres personnes?                                                                            R. — Karama Ahmed frappait aux portes et se faisait, reconnaître; puis la conversation s’engageait.                                                                                               Q. — Karama Ahmed était-il en liberté à la prison de Tablat?                                        R.—Non;il était prisonnier.                                                                                                                  Q. — Donc pour se promener dans la cour de la prison il était toujours accompagné d’un cavalier?                                        — Oui.                 Q. — Dans ces conditions Karama Ahmed allait écouter aux portes par ordre?                R. —  Oui.

Il est 6 h 1/2 Avant de lever l’audience, M. le. Président fait connaitre dire que la Cour,                                                                                    « attendu que l’audition de Karama Ahmed et de l’ancien gardien de la prison de Tablat n’est pas absolument nécessaire à la manifestation de la vérité, il sera passé outre aux débats ».

 L’audience a été remise à aujourd’hui mercredi.  

Audience du 12 mars1913                                                                                                                                          L’audience a été reprise ce matin, à 8 heures, et la parole donnée immédiatement à M. l’avocat général Drago, pour son Réquisitoire L’honorable magistrat a retracé longuement les diverses phases du vol: préparatifs;  les rôles; vol; enlèvement des armes; leur transport dans un lieu caché; arrestation des accusés ; leurs premiers aveux;  transport de M. le Procureur de la République à Tablat; nouveaux aveux et, enfin, entretiens des accusés avec Karama Ahmed. Il a établi ensuite la culpabilité de chacun des onze accusés et fait ressortir, avec force détails, celle de Hamraoui, le chef de la Bande, le vrai pirate, le seul qui a été l’âme du complot. Pour tous, M. l’avocat général a demandé une condamnation qui débarrassera la région de Tablat de ces malfaiteurs redoutables. 

A ce soir. les plaidoiries et le verdict. 

E. I’. C

                         Les nouvelles,13.03 .1913

 

 

  

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