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12 février 2022 6 12 /02 /février /2022 15:17

TRIBUNE PUBLIQUE

 

Nous recevons la lettre suivante, que nous publions sous toute réserve, elle contient des révélations d'une extrême gravité, nous espérons qu'une enquête sera faite, qui démontrera de quel côté sont les torts.                                                                            Nous n'avons, pour le moment, aucune appréciation à formuler, c'est à l'administration supérieure qu'il appartient de prendre, une décision. Il est de sa dignité de justifier un des siens d'accusations aussi graves, s'il est innocent, et de le punir comme il convient, si les faits énoncés sont prouvés :

 Alger, le 1er avril 1892.

   Monsieur le Rédacteur en chef, J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien m'accorder l'hospitalité de votre estimable journal pour faire connaître à vos lecteurs les faits suivants (sous ma garantie) : » Après l'arrestation de Sid Ali ben Mahieddine, notre caïd, M. Piquemal, administrateur de Tablat, m'interpella vivement un jour ; et je me suis rendu avec confiance à son invitation.

    Dans son cabiner, M. Piquemal administrateur, me somma de déclarer que Sid Ali, notre caïd, était coupable d'avoir fait de faux actes et pièces ; à cette question j'ai déclaré à M. l'Administrateur que j'ignorais ce qui s'était passé et que je ne pouvais certifier ni signer quoique ce soit, attendu que Sid Ali s'il avait commis des faux, il n'avait pris personne pour témoin de ce qu'il faisait.

   Sur ma réponse négative je fus mis en prison pendant deux jours et deux nuits sans pain, sans eau ; et après ma mise en liberté, je fus révoqué de mes fonctions de Cheikh de Zaouïa-Tourtatine, après avoir occupé ce poste pendant deux ans environ ; je suis actuellement sur le pavé, sans aucune ressource.

M. Piquemal n'en n'est pas à son coup d'essai ; ainsi le nommé Moussa ben Hadj M'Hamed a été mis en prison et condamné à 15 francs d'amende et cinq jours de prison, pour avoir fréquenté le frère de Sid Ali à Alger; Moussa est le mandataire des Mahieddine. Tous les Indigènes prient Dieu d'enlever Piquemal de Tablat, par un changement ou une révocation, car nous sommes maltraités par, soit des tortures, soit la prison, ou des amendes à tort et à travers.

En attendant, Monsieur le Rédacteur en chef, recevez mes sentiments les plus respectueux.

BADAOUÏ BEN MOHAMED, Cheikh de la fraction Zaouïa-Tourtatine, révoqué

Cette lettre étant écrite tout entière de la main du protestataire, nous avons cru devoir en respecter la forme                                     

  .Patriote algérien , 03 avril 1892

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12 février 2022 6 12 /02 /février /2022 14:42

                                                         Alger-Saison

    A l'heure exacte, le véhicule, très chargé, s'ébranle sous l'effort des six chevaux, quitte la place du Gouvernement, passe sur le boulevard de la République et s'arrête devant la poste pour recevoir le courrier.  Le temps est beau, un peu frais, et la lune répand une belle clarté dont la baie est inondée. Nous filons rapidement sur la route de l'Arba où le vent siffle contre les vitres. La diligence franchit la rivière l'Harrach sur un beau pont de pierre et stationne quelques instants à Maison-Carrée, commune comptant plus de deux mille habitants. Il s'y tient tous les vendredis un marché de bestiaux de plusieurs milliers de tètes.                                                                            Le premier relais se fait à l'Arba, où a lieu le mercredi un marché arabe d'où le village a tiré son nom, car le mercredi ou quatrième jour de la semaine musulmane se dit él-arbâ.                             La route, plantée d'arbres, est excellente. De l'Arba à Sakhamoudi, elle serpente entre de hautes montagnes de la chaîne du Petit Atlas et des ravins d'une profondeur effrayante, propre à provoquer le vertige. Cette contrée n'est pas habitée, pour ainsi dire ; elle est de mille mètres environ au-dessus du niveau de la mer.                                                                                                   On se rappelle qu'en janvier 1848, de malheureux soldats furent surpris dans ces gorges par une tourmente de neige qui leur servit de linceul à tout jamais.                                                           A six kilomètres au-delà de Tablat coule l'oued Isser, large, en ce moment, de quinze mètres. Nous passons dans le lit, le pont en bois étant à réparer, et l'eau baigne le moyeu des roues de l'avant-train Bir-Rabalou, une des étapes du parcours, est un petit village ; une église y est édifiée, et sur la place, une fontaine verse l'eau par quatre bouches.                                                    Il est six heures et demie, le soleil commence à empourprer l'horizon et nous fait augurer une belle journée. En dehors des agglomérations nous rencontrons bien peu de maisons sur notre passage. Dans la plaine, la végétation, en ce moment, est à peu près nulle, quelques gourbis et quelques tentes en sont le seul ornement.                                                                                          C'est jour de marché à Aumale, et de nombreux indigènes se dirigent vers la ville, les uns à pied, les autres à cheval, à chameau ou à mulet, avec leurs produits dont ils chargent aussi de petits ânes appelés bourricots en Algérie.                                                                                           Deux kilomètres avant d'arriver à Aumale, la végétation devient active. Le chemin est bordé de pistachiers, de figuiers et de trembles.                                                                                                 Aumale est entouré de murailles percées de quatre portes. Ces portes sont désignées d'après la route sur laquelle elles s'ouvrent. Nous franchissons celle d'Alger, et quelques minutes après la diligence est devant le bureau des messageries. Une foule d'indigènes, pour lesquels l'arrivée du courrier est une distraction ou une occupation, encombre le trottoir. On retrouve tout de suite l'oulid-plaça, petit décrotteur qui vous interpelle par un : « Cirez m'sieu ».                                      Nos bagages placés dans notre chambre, nous allons rendre visite à M…... qui a l'amabilité de nous accompagner au marché arabe, se tenant extra-muros. L'on y vend des dromadaires, des chevaux, des moutons, des bœufs et des chèvres. La mosquée est tout à côté, nous la visitons. Elle est très simple et des maçons travaillent à la réparer.                                                                         En rentrant dans la ville, nous nous promenons sur l'esplanade d'Isly qui présente un bien singulier aspect à cause d'un très-grand nombre de pierres tombales et de fûts de colonnes qui en occupent la plus grande partie. Ces ruines furent trouvées presque à fleur de terre, en 1847, sur le territoire d'Aumale où la cité Auzia avait été fondée sous le règne d’ Auguste. Aumale est un centre européen assez important, bien bâti et faisant honneur à ses édiles. Le dimanche, quand le temps est favorable, une société musicale donne des concerts dans le square. La grande rue, dont les aboutissants sont aux portes du Nord ou d'Alger et du Sud ou de Bou-Saâda, est presque rectiligne et longue de plus d'un kilomètre. Des bornes fontaines fournissent de l'eau en abondance, aux habitants. Les casernes sont très belles et peuvent loger deux mille hommes.                                                                                                                                                         En été, la température est élevée ; mais en hiver, la neige séjourne sur terre.                                A six heures et demie, nous nous rendons chez M*** qui nous a fait l'amitié de nous inviter à dîner. Le salon dans lequel nous sommes introduits est tout décoré de trophées de chasse et d'objets indigènes. Un bon feu pétille dans la cheminée et nous nous en approchons avec un plaisir non équivoque. Le dîner, servi par un maure, est excellent. Le dessert est arrosé de champagne algérien fort goûté ; c'est du M'zéra. Un des convives, musulman, qui observe rigoureusement les préceptes de Mahomet, nous raconte qu'une fois, M. X., l'avait engagé à en prendre un peu, lui assurant que c'était de l'eau gazeuse. Il avait déféré au désir de M. X., mais aussitôt qu'il eût porté la coupe à ses lèvres, il s'aperçut de la plaisanterie et se promit bien de ne plus jamais y être repris.                                                                                                                    Nous nous retirons de bonne heure; demain, aux premières lueurs du jour, il nous faut être à cheval.                               

                                                                                                       10 décembre 1885

 

 

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11 février 2022 5 11 /02 /février /2022 15:35

                                                                         Echos d’Algérie

                                                                            DÉPARTEMENT d’ALGER.                                                                                                                                     Tablat. —Les européens du canton de Tablat sont émus des nombreux crimes commis depuis quelques temps et voient avec peine la sécurité menacée. Il importe que le jury se montre un peu  plus sévère, car il est certain, et les indigènes le disent très haut, que c’est notre indulgence et les acquittements nombreux dont les coupables sont l’objet qui sont la seule cause des crimes chez  les indigènes.  Voici le bilan du canton de Tablat pendant un mois, le 23 avril, viol; le 24,   assassinat ; le 4 mai, assassinat ; le 6, meurtre ; le 9, blessures très graves, faites avec un couteau ; le 12, vol avec effraction ; le 18,incendie de maison habitée et tentative d'assassinat;   le 22, assassinat. Huit de ces crimes sur neuf out été commis en plein jour, et c’est ce qui épouvante les européens. Mais c’est principalement le crime commis le 22, qui les a impressionnés . Un indigène très riche, fils d'un ancien cadi, ami de la France et estimé de tous les Français de Tablat; le nommé Ahmed ban Mohamed Ben Kebladj, âgé de 24 ans, a été assassiné à une heure de l’après-midi sur une route alors que revenant de l’audience de la Justice de Paix, il rentrait chez lui. M. le Juge de paix prévenu à 2 heures, au moment où il reprenait son audience était à cheval une demi-heure après, avec son personnel et les gendarmes, ainsi que M. l’Administrateur et ses cavaliers qu’il avait prévenus, vu la fréquence des crimes, la situation de fortune de Ben Kebladj et l’amitié que tous les Français avaient pour lui. Celte promptitude eut pour la justice des résultats exczellents pour la justice des résultats excellents, car arrivés à l’improviste chez l’inculpé le Juge de paix surprenait l’inculpé nettoyant le fusil avec lequel il venait de commettre le crime. Habilement interrogé et obligé de se contredire, l'inculpé n’a pu ce matin résister à la confrontation que M. le Juge de paix lui a fait subir avec son père et pressé de questions,  il a avoué son crime la préméditation et le guet-apens. Ben Kebladj sera donc vengé et son assassin puni, aussi tous les gens de Tablat sont heureux du résultat  et leurs regrets pour la victime sont un peu diminués en songeant que  le criminel a été trouvé. Ils félicitent M. le Juge de paix pour le zèle qu’il a montré en cette circonstance, ainsi que dans      toutes les autres. II serait heureux que tous tes magistrats se montrassent comme lui à la hauteur de leur tâche. Il serait, je crois, nécessaire que M. le Préfet, fit désarmer la grande majorité des indigènes du canton deTablat, qu’un précédent administrateur avait armé avec une  facilité coupable. L’immatriculation des armes a été faite en effet d’une façon déplorable, et a consisté à donner son permis à tous ceux, sans exception, qui avaient des armes. armes                                                 A. M...

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11 février 2022 5 11 /02 /février /2022 14:32

                           Note sur la Région de Tablat                                          Par M. PITON,   LICENCIÉ ES LETTRES ET EN DROIT                                                                   MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET GÉOGRAPHIQUE DE LA RÉGION DE SÉTIF

   La vaste région montagneuse.située aux alentours de Tablat n'est signalée, sur l’Atlas Archéologique de l’Algérie, que par trois points (1) ne comportant  chacun que de très brèves indications. En réalité, comme une enquête sur les lieux nous a permis de le relever, les vestiges de l’occupation romaine sont nombreux dans toute cette région qui semble avoir été reliée d’une part, vers le Sud, à la grande voie Aumale-Berrouaghia, d’autre part, vers l’Ouest, aux environs de Ben-Chicao.                                                                                                       (1) Atlas Archéologique, feuille 14, nos 8,9 et10

                                                          

  Nous voudrions signaler d’abord ici les ruines assez importantes que nous avons pu étudier sommairement tout près de Tablat , à 1 km. 300 au Sud Ouest de ce centre, à 3 km. 300 du confluent de l’oued el Had et de l’oued Isser, sur un éperon dominant la vallée du premier de ces cours.d’eau. Il s’agit d’un édifice rectangulaire mesurant 70 mètres de longueur sur 25 mètres de largeur. Les murs sont parfaitement visibles. Ils sont constitués par de grosses pierres de taille d’un mètre sur 60 centimètres, régulièrement assemblées, et donnant l’impression d’une construction d’assez bonne époque.                                                                  Aux angles nord-est et sud-est se relève la présence de tours d’angle rectangulaires, non saillantes, de 7 m. de longueur sur 4 m. de largeur. L’entrée se trouvait au milieu du côté ouest.                                                                                       Au centre se rencontrent trois auges taillées dans la môme pierre. Le sol est couvert de pierres taillées parmi lesquelles on remarque un chapiteau d’un travail grossier.         Il semble possible que des chambres souterraines existent sous la ruine, en raison des cavités de la façade qui domine le cours de l’oued el-IIad ; c’est du reste une tradition des indigènes des alentours.                                                                De cet endroit, la vue s’étend sur toute la vallée de l'oued el-IIad ; on aperçoit notamment, sur les hauteurs du Djebel Mesguida, près de la médita Kroukda, un poste fortifié non encore signalé et d’une excellente construction.                                                                                                Nous nous trouvons donc, semble-t-il, en présence d’un de ces postes de surveillance et de ravitaillement à caractère militaire qui étaient destinés à la garde des communications comme à la surveillance du pays. 

                                                                                                                                                                                                      11

A 200 m. au nord de ces ruines, et en contre-haut, d’autres vestiges sans plan apparent occupent un espace rectangulaire de 20 mètres sur 30 environ. On y noteseulement un mode de construction en harpes d’assez basse époque, et la présence à une quinzaine de mètres au nord, d’une canalisation en poterie dont les tuyaux mesurent de 15 à 20 centimètres de diamètre.

                                                          III

Enfin, mentionnons également, à 1 km. 300 au nord- est de Tablat, au lieu-dit Tala Rzag, d’autres vestiges sans plan visible couvrant une superficie de 100 mètres carrés environ. On n’y relève que des pierres de taille éparses sur le sol.

Alger 10/11 Juin 1935

 

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10 février 2022 4 10 /02 /février /2022 17:27

                            CHRONIQUE DES TRIBUNAUX

                                    Cour criminelle d’Alger

                  L’ASSASSINAT du CAÏD de B1R-RABALOU

Vendredi ont commencé les débats de cette importante affaire, qui s’est terminée seulement hier soir, à 7 heures.                                                                    Le caid de Bir-Rabalou, Brahimi Mohamed ben Boudjema, vieillard de 74 ans, parcourait, sur son mulet, dans la journée du 15 juin 1904, la route d’Aïn-Bessem à Bir- Rabalou.                                                  11 était arrivé â un endroit dangereux, où le chemin est bordé d’un ravin, au fond duquel coule un oued. Soudain, une détonation retentit, et le caïd, blessé, tomba de son mulet, et, glissant sur la pente abrupte du ravin, vint s’abattre dans la rivière. D’une touffe de lentisque, un jeune indigène surgit, un fusil â la main. Faisant rapidement un détour, il entra dans la rivière à un gué. Il s’approcha de sa victime, et, comme, à cet instant, le vieillard faisait un mouvement, l’assassin se mit à lui marteler le visage avec la crosse de son fusil, tant si fort que l’arme se brisa.                                                                         Mais sur la route retentissait le galop l’une bruyante cavalcade ; c'était le petit-fils du caïd qui revenait du marché avec un groupe de khammès. A cette vue, l’assassin s’enfuit, pas assez tôt, pourtant : il avait été reconnu pour un ben Abid. Arrêté par la gendarmerie, l’assassin nia contre toute évidence. A la prison d’Ain Bessem se passa un fait qui mit la justice sur une nouvelle piste, et qui aboutit à  l’arrestation d’un riche indigène du douar Bitem, commune de Tablat, nommé Raïch Mohamed ben Mohamed, comme instigateur du meurtre. Raïch avait eu plusieurs procès avec le caid, et une haine violente les séparait. L’audition des témoins est longue ; ils ne sont pas moins de treize, parmi lesquels le juge de paix, le gardien de prison, un  cantonnier d’Aïn-Bessem. Le siège du ministère public est occupé par M Bussièr, avocat général. Au banc de la défense, M Ballero pour Affroun Yaya, M' Bouderba, pour Raïch et M Charpentier qui se porte partie civile pour les fils de la victime. M. Bussière  prononce un virulent réquisitoire ; il parle de la fatalité qui semble poursuivre la famille de la victime, et le père du caïd fut assassiné ; il s’était attiré l’inimitié les indigènes, parce qu’en 1871, lors de l’insurrection, il s’était employé â plusieurs reprises pour ravitailler la petite garnison de Tablat. Le caïd actuel fut victime trois fois de tentative d’assassinat ; il a succombé â la dernière. Il était très estimé dans le pays où il était caïd depuis 3ans et conseiller municipal depuis 22 ans. L’avocat général, après avoir démontré la  culpabilité de l’accusé, demande pour lui application de la peine de mort.                                       Ballero et Me  Bouderba plaident non coupable.                                                                    Après une réplique du Ministère public, le jury se retire à 4 heures et revient à 6 heures avec un verdict de culpabilité mitigé par les circonstances atténuantes pour Affroun et un verdict d’acquittement pour Raïch. La Cour, après quelques minutes de délibération, prononce contre l’assassin la peine de 6 ans de réclusion et le condamne à 1.000 francs de dommages et intérêts. Raïch est acquitté. Les débats de cette affaire avaient attiré pendant ces deux jours, au Palais lie justice, une grande affluence d’indigènes de la région.                       

      Les Nouvelles,   27 fevrier 1905

 

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10 février 2022 4 10 /02 /février /2022 16:16

Alors il n’y a qu’à évacuer l'Algérie !     M. Aubry

 JORF - Chambre des députés- Séance du 27 mars 1903

  Sixième affaire (Extrait du jugement).

- «  (Audience publique du tribunal répressif indigène du canton de Tablât , tenue par les affaires correctionnelles, le 25 juin 1902, par  M- Brossette (Henri Hilaire président,MM Goulin et Mahieddine, juges assesseurs)

- En présence de Me Le Brissonnais, adjoint administrateur faisant fonction de ministère public, assisté de Mariani, commis greffier et Tidjani , Interprète  auxiliaire.

Entre le ministère public poursuivant et le sieur »1494 » Chaffouki Allah ben  Ahmed , quarante-sept ans, fils de feu Ahmed ben Mohammed et Fatma ben Rabia, né vers 1855 fraction Taguerboust, , douar de Tablât, profession de cultivateur, marié, deux enfants, lettré, non repris de justice, détenu.

« Prévenu d'avoir, dans la nuit du 8 au 9 avril 1902, frauduleusement soustrait une mule au préjudice du nommé Laoubi Ahmed.

Oui l'exposé de l’affaire, - la lecture des pièces, les témoins en leurs dépositions, etc.

« Le ministère public en son réquisitoire et le prévenu en ses moyens de défense. Le tribunal a statué en ces termes : « Attendu que s'il ne résulte pas nettement des débats, que l'inculpé ait, dans la nuit du 8 au 9 août dernier, frauduleusement soustrait une mule au préjudice du nommé Laoubi, des présomptions graves pèsent sur le prévenu, ,   « Attendu que des renseignements fournis, il résulte que l'inculpé est un voleur de profession. « Qu'interrogé sur sa conduite, il a lui-même reconnu à la barre qu'il jouissait d'une mauvaise réputation.« Qu'étant donné ses antécédents, il y a lieu de se montrer très sévère à son égard.« Qu'il échet de lui faire application des articles 379 et 388 du code pénal tout en admettant à son profit les dispositions de l'article 463 du même code. Le tribunal estimant que pour que la peine soit proportionnée au délit commis, elle ne doit pas être supérieure à six mois d'emprisonnement.« Déclare ledit prévenu coupable du délit ci-dessus spécifié et lui faisant application de la loi, le condamne à six mois de prison et à 16 fr. d'amende.« Le condamne aux frais.

       Enregistré à l'Arba le 1er juillet 1902.

« Nota. — A la suite de cette condamnation, et une fois la peine subie, l'inculpé Chafouki a été assigné en matière civile à Tablat par le plaignant Laoubi, en payement de la valeur de la mule volée, et le juge de paix a dû condamner Chafouki à payer 300 francs pour la mule, à son adversaire, la chose jugée résultant du jugement correctionnel. »

C'est - ce jugement que presque tous les journaux de Paris ont reproduit.

-   M. Gustave Rouanet : - Chafouki n'avait jamais été condamné.

-   M. Albin Rozet :         - Un administrateur d'Algérie me disait dernièrement :     « Je voudrais qu'on supprimât le casier judiciaire en Algérie et qu'on le remplaçât par un casier de bonnes notes. » Voilà le casier de 'bonnes notes! On attaque un monsieur; il a de mauvais antécédents; on ne sait pas s'il est coupable; tant pis! il payera pour les autres. Dites, si vous voulez, que vous supprimez la justice en Algérie; dites que nous sommes des « conquistadores » et que nous entendons traiter le pays comme étaient traitées au moyen âge les tribus conquises! Mais ce n'est pas pour cela que nous sommes allés en Algérie.

  • M. Aubry. Alors il n’y a qu’à évacuer l'Algérie ! (Vives acclamations.)

 C'est la conclusion logique du discours de M. Albin Rozet.

JORF ‘ Chambre des députés -Séance du 27 mars 1923

 

 

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10 février 2022 4 10 /02 /février /2022 14:31

REFECTION DE LA CONDUITE D'EAU EMPORTEE PAR LES INONDATIONS DE DECEMBRE 1930 ET. JANVIER 1931 DE TABLAT (A.)

Conformément aux instructions données par M. le Gouverneur général, concernant

 les dommages causés par les inondations de décembre 1930 et janvier 1931, M. l'Administrateur de la commune mixte de Tablât a fait établir par

M. P. Banon, architecte, un projet de réparations des dégâts causés par les crues à l'adduction d'eau d'El Had, alimentant le centre de Tablât.

■ t Ce projet, divisé en deux partie, comprend :

. 1" La réfection des parties de la conduite longeant l'oued Matassa et l'oued

| El-Had, emportées sur une longueur de 1.000 mètres.

  2" La réfection de l'aqueduc donnant passage à la dérivation sur l'oued El-Kantara.

 L'amenée des eaux actuelles longe, sur la plus grande partie de son parcours,

les berges élevées et d'une pente très rapide, sur la rive droite des ouvrages précisés.

 Ces berges, formées de terres argileuses, ont été rongées au

pied par les dernières crues. Amolies par les pluies, et en raison de leur déclivité, il s'est formé des glissements en grosses masses, entraînant la conduite jusque dans le lit de la rivière qui n'a pu résister à un pareil poids. Les tuyaux brisés ont été entraînés ou enterrés dans le sable. L'aqueduc, emporté par l'inondation, était placé près du confluent de l'oued  Matassa et de Toued E1-Kantara.

Au moment des crues, le courant du premier oued est venu se jeter dans l'embouchure du second.

11 s'est formé un tel remous, qui a produit un affouillement sous les piles et les a fait effondrer entraînant, dans leur chute, la partie de la conduite qui passait sur l'aqueduc.

Dans son écroulement d'une dizaine de mètres de hauteur, les fers qui supportaient lu conduite se sont tordus et la plus grande partie des tuyaux ont été brisés.

Afin d'éviter la pénurie d'eau au centre de Tablât, l'amenée des eaux a été rétablie par des moyens de fortune.

C'est pour parer à cela qu'a été établi le présent projet qui permettra de donner plus de sécurité à la conduite, en éloignant des berges des oueds les parties les plus menacées. 

| Les travaux seront exécutés en deux lots, à savoir :

■1° Réfection des fractions de la conduite emportée par les inondations :

Montant des travaux.. ..                         94.600 00                                                    Somme à valoir                                        9.495 23

— Total... .. .. ..                                     104.095 23 '

2° Réfection d'un aqueduc de 50 mètres d'ouverture :

Montant des travaux... ..                        137.858 00

 Somme à valoir                                      14.522 95

Total                                                      152.380 95

Montant total des travaux, honoraires de l'architecte compris.             269.300 00

La durée des travaux sera de 4 mois et il sera retenu une amende de 50 fr. par jour de retard.

Cautionnements : l"er lot, 3.000 francs

                           ; 2e- lot5.000 francs.

Le Journal général des travaux publics et du bâtiment                                                                                          08 mars 1832

 

                                               

 

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9 février 2022 3 09 /02 /février /2022 16:37

 

(DE NOTRE ENVOYE SPECIAL) Le crime de Tablat.— Reprise de l’instruction. — Transport de justice. — Quadruple arrestation                                                                                                                                                 Tablat,le14 janvier.Le drame sanglant de Tablat.remonte au 28 juillet 1905. En dehors des habitants de la région peu de personnes sans doute se rappellent dans quelles conditions ce crime demeuré impuni, comme plusieurs autres, hélas avait été accompli . Au moment où de faits motivent une reprise de l’instruction et viennent d’aboutir à une quadruple arrestation, il est utile de retracer les détails de cet assassinat. Le 28 juillet 1905, M. Paul Guichard, âgé de 33 ans, secrétaire de la commune mixte de Tablat, était retrouvé égorgé dans son domicile. Des amis inquiets de ne pas l’avoir vu, ni à son bureau, ni au café, étaient venus à sa demeure et avaient trouvé le malheureux gisant dans une mare de sang, le coup profondément sectionné, l’artère carotide tranchée. L’appartement en désordre, les tiroirs ouverts et leur contenu éparpillé semblaient démontrer que le vol avait été le mobile du crime. Aussitôt prévenu , M. Sipière, substitut du procureur, et M. Parroche, juge d’instruction, s’étaient transportés sur les lieux et commençaient, sans perdre de temps, leur enquête.                                Les premières constatations permirent de reconstituer à peu près comme suit, le drame : C’est entre 8 et.9.heures du soir.que M. Guichard avait été frappé, au moment où il était en train de prendre son repas. La victime se trouvait, comme d'habitude-  détail que les meurtriers connaissaient bien - tourner le dos à une porte communiquant avec une pièce.servant de cuisine, laquelle ouvrait sur un bois d’eucalyptus. L’assassin avait passé par la cuisine, franchi le seuil de la salle à manger et,  de là, d’un coup de hache ou de serpe,atteint le malheureux secrétaire atteint le malheureux secrétaire de commune mixte, qui tombait foudroyé. Les autres blessures relevées sur le cadavre ne semblaient avoir été faites qu’ensuite et dans le but de diriger sur une fausse piste les investigations de la justice,faisant croire à un crime indigène. M.Guichard, d’après ceux qui rapprochaient, était un misantrophe vivant presque seul, en vieux garçon rangé, allant de sa demeure à son bureau, un peu au café, mais ne fréquentant personne assidûment. On estime que M. Guichard avait chez lui environ sept mille francs, disparus après le crime, ainsi que des fusils. Tels étaient les premiers résultats de l’enquête. Les éléments qu’elle fournissait semblaient   bien insuffisants et n’aidaient guère à la découverte du ou des coupables. Les investigations se poursuivirent néanmoins, quand, au mois d’octobre suivant, un agent de la sûreté découvrait, chez un nommé Hugon, journalier, d’assez mauvaise réputation, une serpe toute rouillée et qui semblait avoir été oxydée par des taches de sang. Le procureur de la République se rendait à nouveau à Tablat, accompagné de M. Parroche, juge d’instruction, et de M. Grimai, professeur à l’école de pharmacie. Sur l’ordre du procureur, on procédait aussitôt à l’exhumation du cadavre. Après l’exhumation du cadavre de M. Guichard   et de la découverte de la serpette qu’on croyait avoir été l’instrument du crime, Paul Hugon était arrêté ainsi que trois indigènes : Aïssat Tahar, Chehat Mohammed, surnommé « le Coq » et Sali Kadour. De graves soupçons pesaient sur ces indigènes, qui avaient à Tablat une déplorable réputation. Cela se passait fin octobre.1905. Longuement interrogés, les inculpés nièrent énergiquement toute participation au crime. Plusieurs mois se passèrent et le juge d’instruction rendait une ordonnance de mise en liberté provisoire, non parce que l’innocence des inculpés était clairement démontrée, mais bien dans l’espoir qu’une fois en liberté on obtiendrait davantage pour arriver à la découverte de la vérité. Cette façon d’agir devait, comme on le verra par la suite, avoir d’heureux résultats. Les quatre co- inculpés regagnèrent donc Tablat. où, ainsi que dans toute la région, cet odieux crime, succédant à tant d’autres demeurés impunis et dont les coupables ne furent jamais découverts, avait produit une douloureuse impression. On put croire à ce moment que      l’affaire était définitivement classée. Mais, au mois d’octobre dernier, un fait nouveau et tout à fait imprévu venait remettre M. Bûcher, administrateur de la commune mixte de Tablat, sur la piste, la même qui, quoique n’ayant pas donné de résultats probants, n’avait v pas été abandonnée. A cette date, en effet, un vol avait été commis chez le secrétaire de la commune mixte de Tablat, un des successeurs du malheureux Guichard. Au cours de l’instruction dirigée habilement par l’administrateur, ce dernier reçut les confidences d’un des inculpés qui, sans doute pour s’attirer l’indulgence de ce fonctionnaire ou pour exercer une vengeance contre ses coreligionnaires, raconta la scène de l’assassinat de M. Guichard et dénonça les coupables. Les détails étaient si précis, si formels que l'administrateur, après avoir mené une longue enquête sur place et s’être entouré de tous les renseignements, prévenait le parquet et M. Parroche, juge d’instruction, délivrait, le 20 décembre 1906, un mandat de dépôt pour les trois indigènes désignés par le dénonciateur, c’etaient les trois indigènes emprisonnés pendant de longs mois, puis relâchés. On procéda aussitôt à leur arrestation. Un autre coupable était désigné : c’était Paul Hugon. M. Bûcher « cuisinait » habilement les trois indigènes qui finalement, devant la précision des faits et se voyant définitivement pincés, finissaient par dire — Eh bien puisque tu sais tout, nous allons tout te raconter. Alors les détails affluent, précisant et corroborant les renseignements fournis par le dénonciateur. L’assassinat de M. Guichard, à qui on savait d’importantes économies, fut décidé entre les indigènes ; mais, redoutant la force de M. Guichard, ils mirent Paul Hugon dans le secret et lui proposèrent de les aider dans le meurtre, car Hugon jouissait auprès des indigènes de la réputation d’un homme sachant tout faire et habilement. Paul Hugon aurait accepté et c’est lui qui aurait frappé la victime d’un coup de hachette mortel. Informé des aveux des indigènes, M. Parroche juge d’instruction, arrivait à Tablat dimanche soir et faisait procéder aussitôt à l’arrestation de Paul Hugon. Ce dernier était en train de faire des fagots quand les gendarmes se présentèrent.                                                                                                                         —Pourquoi m’arrêtez-vous ? C’est X.… qui a fait le coup, dit-il.   Et il nomma un habitant de Tablat. M. Parroche a recueilli aujourd’hui les dépositions des indigènes. Il entendra ensuite Paul Hugon et procédera mercredi à la reconstitution de la scène du crime. Paul Hugon est un solide gaillard, à la barbe blanche, âgé de cinquante-sept ans, ancien conducteur de la diligence de Tablat à l’Arba, il n’avait aucun métier spécial ; mais il les exerçait tous, car il est très habile de ses mains et rendait de nombreux services aux habitants de Tablat où les métiers courants ne sont pas exercés. Détail curieux et macabre. Paul Hugon était également fossoyeur et c’est lui qui exhuma le cadavre de M. Guichard pour l’autopsie.

              P. R.-L.                16 Janvier 1907           La Dépêche algérienne

 

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8 février 2022 2 08 /02 /février /2022 12:41

 

  Lettre d’un Colon

 

   Il y a dix ans, on aurait senti le besoin de faire construire en pays arabe, une école qui, à peine installée et jusqu’à présent, fit et fait encore une concurrence désastreuse à celle de Tablatt dont le Républicain parlait dernièrement et qui a un élève et demi. On y avait mis un instituteur français, c’était un jeune homme de vingt-quatre ans, haut comme la botte d’un gendarme et qui y pu s’insinuer dans un fourreau à parapluie sans faire craquer la couture. Il avait une petite tête de moineau, un visage aux pommettes saillantes, imberbe, de couleur olivâtre. Quelques rares cheveux et déjà grisonnants. Il avait de temps en temps la fièvre. Avant, pendant et quelques jours après l’accès, il était inabordable. Quand il n’était pas malade, il n’était que grincheux, mais on le ménageait, parce que, instinctivement, on ménage toujours ceux qui doivent mourir jeunes et il était de ceux-là, car il y a six ou sept ans, il est retourné mourir chez ses parents aux environs de Cordeaux. Donc il était énervé, colère et impatient, pas du tout fait par conséquent pour cette carrière de l’enseignement où les principales qualités sont le calme et la patience. Dans ce petit corps, il y avait une âme ardente, ambitieuse. Il eut voulu avoir, au risque de se tuer au travail, de nombreux élèves. Mais les petits bicots du voisinage, et ils pullulaient dans les rues du village, on était obligé de faire attention pour ne pas marcher dessus, ne voulaient pas venir. Chaque fois que l’administrateur ou un de ses adjoints passait, le malheureux se cramponait aux boutons de son dolman et ne le lâchait pas qu’il y fut venir le Cheikh et lui eut recommandé d’envoyer ses enfants à lui, le Cheikh, à l’école. Cela en eut peut-être amené d’autres. Et il n’en avait jamais que quatre ou cinq. Il le sommait presque de donner l’ordre au Cheikh de lui envoyer des enfants, mais on lui répondait qu’on ne pouvait forcer les enfants des indigènes à fréquenter l’école, puisque la loi sur l’instruction obligatoire ne leur est pas applicable. Le Cheikh disait toujours oui, et ne faisait jamais rien. L’instituteur le pourchassait de rue en rue et l’obsédait de ses objurgations.

 

 

 

 

 

 

 

   Un jour, j’arrivai sur la place du village, et je vis l’instituteur en prise avec le Cheikh. Il faisait des mouvements désespérés avec ses petits bras. Le Cheikh était un énorme arabe, de haute taille, aux puissantes épaules, C’était un homme d’une cinquantaine d’années. Il était de race berbère. Il avait une grosse tête, grossie encore par les calottes, les chéchias, les iiaicks et la corde en poils de chameau roulée en guise de turban. Sa large tiguie rubiconde, était entourée d’un collier de barbe blonde qui commençait à s’argenter. Il se baissait pour regarder de ses gros yeux bleus l’homme qui gesticulait devant lui et qui lui disait :

-Tu sais, fais attention à ce que je te dis, je ne suis pas un vulgaire colon, je suis un fonctionnaire. Le Cheikh, qui me voyait arriver et qui n’avait pas encore prononcer un mot, dit gravement :

-Je ne comprends pas ce que tu me dis, je ne sais pas le Français. Fuis, lui tournant les talons, en haussant les quartiers de bœuf qui lui servaient d’épaules, il le laissa ahuri et vint à moi. Je me mis à rire, car ce qu’il y avait de plus original dans cette scène, c’est que l’instituteur parlait un assez bon arabe et  que le Cheikh l’avait certainement compris. Je demandais au Cheikh pourquoi il n’envoyait pas ses enfants à l’école.

-Pourquoi faire ? me dit-il.

-Mais, répondis-je. Pour qu’ils apprennent à parler, à lire et à écrire le français, cela pourra leur servir quand ils seront grands.

-Ah oui dit le Cheikh. Et qu’ils deviennent ce qu’est devenu le fils de mon prédécesseur, le Cheikh Ali. Son fils est allé six ans à l’école à la ville, chez vous, il est devenu ivrogne et il est revenu plus fainéant, plus menteur et plus voleur qu’avant son départ.

                                                                 Honoré Simple

Le Républicain de Constantine

12 Juillet 1892

 

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17 janvier 2020 5 17 /01 /janvier /2020 15:48

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